Les lunettes de soleil sur la tête, à l'ombre d'un tilleul, dans la brise légère d'une après-midi paresseuse, elle hume des odeurs de terre, d'animaux, et de foin bien sec...

Depuis 2 jours, elle est là, sur ses terres. Sa chienne a trouvé un compagnon de jeu, qu'elle houspille et poursuit comme une enfant qu'elle est, lui vole sa nourriture, et vient dormir à ses pieds, épuisée mais joyeuse.

Elle est sur ses terres, celles de son enfance, avec à portée de main ses champs sans fin, cette maison dans laquelle elle a vécu tant de choses : son arrivée en terre d'amour, ses vacances de princesse vagabonde, son insouciance de gamine libre,...Elle a vécu la magie des jeux pour de faux, la cabane qu'elle construisait avec des branches, la sciure de bois qui servait de soupe mélangée aux feuilles d'automne. Elle a surtout vécu le temps qui s'écoule sans contrainte et le partage de chacun de ces moments précieux avec son frère de coeur, Damien.

Tous les moments d'école, les histoires inventées avec les barbies, les livres de bibliothèque dévorés, n'avaient pour seul but que de la ramener dans ses terres. Lorsqu'elle levait la tête et apercevait un nuage, elle s'envolait aussitôt vers les prochaines vacances, celles où, sitôt arrivée au bout du chemin, elle soupirerait d'aise et de bien-être, celles où dès un oeil ouvert le premier matin, elle sauterait de son lit pour aller rejoindre Damien, celles où Damien lui apporterait un sac de pommes juteuses, pour qu'elle puisse les déguster en pensant à lui.

Ce frère de coeur, qu'elle revoit toujours avec bonheur, qui a gardé sa fraîcheur, sa simplicité, sa droiture. Celui-là même avec qui elle se redécouvre tant de points communs, frère quasiment jumeau par les réactions et façons de penser...tant de ressemblance est frappante compte tenu de leurs univers si éloignés !

Elle est sur ses terres d'enfance, sur ses terres d'enfant. Un frisson la parcourt, baignée de soleil. Cet instant magique la replonge dans des étés qui s'étiraient à l'infini, quand ils inventaient des jeux pour de faux, que leurs mères les appelaient pour déjeuner, qu'ils trépignaient pour déjeuner plutôt chez l'autre, qu'ils se mettaient à faire un gâteau, que les balançoires qui avaient servi de terrain de jeu se transformaient en lieux de confidence... et elle contemple ce qu'ils sont tous les deux devenus : à la tête de jolies familles presque Ricorée, au chien turbulent et aux enfants bien peignés, au quotidien lourd de ses soucis divers et aux joies futiles, aux problèmes qu'on s'invente mais qui envahissent notre esprit, aux victoires qui nous regonflent chaque jour et aux déceptions qui nous écrasent,.....

Oui, elle aime son frère de coeur, de tout son coeur, comme un frère quasi jumeau, pour leurs points communs, pour son caractère entier, qu'elle prend comme il vient et qu'elle admire avec tendresse, justement parce qu'il est entier...

Oui, elle aime son frère de coeur, de tout son coeur, comme le frère quasi jumeau qu'il est à ses yeux...

Retour aux racines

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